Partager les aliments pour réduire le gaspillage alimentaire

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Chaque année, près de 1,3 milliard de tonnes de denrées alimentaires finissent dans nos poubelles. Un comble au regard des enjeux environnementaux et des besoins alimentaires de certaines populations. Des initiatives d’économie collaborative fleurissent pour réduire le gaspillage alimentaire. Une pratique qui se révèle vite gagnante.

En finir avec le gaspillage alimentaire devient urgent

Le gaspillage alimentaire mondial donne le vertige. Selon la FAO, un tiers des aliments produits pour l’alimentation humaine (1,3 milliard de T) sont gaspillés chaque année. Soit l’équivalent de 41 tonnes jetées chaque seconde sans avoir été consommées. Et nous, les consommateurs, contribuons à près de 53% de ces pertes!

D’autres chiffres laissent encore plus songeurs sur l’importance du problème des «déchets» alimentaires:

  • Les pertes alimentaires concernent 45% des fruits et légumes, la catégorie d’aliments la plus touchée, avec les racines et tubercules (45% également).
  • Le coût économique du gaspillage alimentaire s’élèverait à minimum 750 milliards de dollars au niveau mondial, ce qui représente par foyer: 87€ en Belgique, 400€ en France, 680 livres au Royaume-Uni et jusqu’à 2.275$ aux USA!
  • Près d’un milliard de personnes souffrant de la faim pourraient se nourrir de moins d’1/4 des aliments gaspillés aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Europe.
  • Une superficie plus grande que la Chine est utilisée pour cultiver des aliments jamais consommés.
  • Si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le troisième émetteur de gaz à effet de serre (après la Chine et les États-Unis).

Cette situation ne peut plus perdurer. D’autant que près de 10 milliards de personnes peupleront la planète d’ici à 2050. Des conditions démographiques qui vont obliger à augmenter la production alimentaire mondiale de 60 à 70%. En théorie. Dans la pratique, cet objectif est irréaliste sans revoir nos modes de production et de consommation. Une vision plus durable s’impose, comme l’expliquait le professeur Wim De Vries (Université de Wageningen), à l’occasion des dernières rencontres annuelles de la Fondation. La bonne nouvelle? Nous sommes une partie du problème, mais nous sommes aussi une partie de la solution!

Olio: l’économie collaborative alimentaire à la puissance simplifiée

Olio est une plateforme d’économie collaborative développée par deux Britanniques: Saasha Celestial-One et Tessa Clarke. Son objectif est simple: connecter des personnes et/ou entreprises au niveau local, pour partager des surplus de nourriture et, donc, réduire le gaspillage alimentaire. Le partage est enregistré en ligne, via l’interface ou via les applications dédiées.

On partage quoi? Des aliments dont la date de péremption est proche dans des magasins ou supermarchés, des légumes provenant de potagers personnels, du pain en surplus dans des boulangeries ou même le surplus de nos réfrigérateurs ou de restaurants.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le succès est au rendez-vous:

  • Plus de 2 millions de personnes ont déjà téléchargé l’application.
  • Près de 5 millions de portions alimentaires ont déjà été partagées.
  • Olio est actif dans 51 pays!

Olio n’est pas la seule initiative du genre. D’autres en France comme Too Good To Go, CheckFood ou Mummyz reposent sur le même principe.

Est-ce que ça marche vraiment? Oui!

Ces pratiques sont efficaces pour limiter le gaspillage alimentaire, mais aussi pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre (EGES), comme le soulignent les résultats d’une étude scientifique conduite récemment sur près de 170.000 offres de denrées via la plateforme OLIO. L’analyse restreinte sur Londres et sa banlieue visait à évaluer concrètement son impact environnemental et sociétal.

L’étude a d’abord permis de caractériser la typologie des aliments partagés:

  • L’offre la plus importante? Des plats préparés ou cuisinés, ainsi que des fruits et légumes frais.
  • Les plats les plus récupérés étaient les sandwiches.
  • Les produits de boulangerie faisaient l’objet du plus grand gaspillage, alors que les fruits et légumes frais faisaient l’objet d’un taux de collecte relativement élevé pour des denrées périssables et souvent abandonnées à leur triste sort!

Sur la durée de l’étude (19 mois), le partage de produits et repas aurait permis une réduction moyenne du gaspillage alimentaire à 90 tonnes. Un chiffre élevé, car il représente 60% de la nourriture mise en partage, pour une valeur monétaire de l’ordre de 700.000 livres sterling.

L’impact sur l’environnement est notable. La diminution des EGES associée à la réduction du gaspillage alimentaire, corrigée par les EGES liées aux déplacements pour collecter les produits, se soldait par un bilan positif dans tous les scénarios évalués.