Lors de l’effondrement de l’Union soviétique, une grave crise du système alimentaire national frappa Cuba. Le plan de grande ampleur centré sur l’agriculture urbaine mis en place pour sauver le pays fait aujourd’hui de lui un exemple en matière de système alimentaire durable et résilient.
À Cuba, l’agriculture urbaine s’impose actuellement comme une stratégie hautement productive et résiliente pour nourrir la population de l’île de manière qualitative, équitable et respectueuse de l’environnement. En 2013, les villes cubaines comptaient plus de 4000 fermes urbaines, 385 000 jardins potagers, 6 000 jardins intensifs et assurait une production de légumes et de plantes aromatiques de près de 1,2 millions de tonnes, soit plus de 50% de la consommation de ces produits en zone urbaine. La gestion de ces surfaces agricoles est majoritairement prise en charge par des coopératives locales. Les politiques gouvernementales jouent un rôle crucial pour guider et optimiser la production et la distribution des aliments, mais également pour assurer la formation des acteurs impliqués dans ce système alimentaire.
Crise alimentaire à Cuba
Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. À la fin des années 50, l’agriculture reposait sur un modèle industriel à grande échelle. Les monocultures mécanisées, essentiellement de canne à sucre, dominaient le paysage cubain. En 1991, lors de la chute de l’URSS, avec qui l’île avait conclu des accords préférentiels, Cuba perdit son principal partenaire commercial. Les États-Unis imposèrent un embargo total qui provoqua l’isolement définitif de l’île. Durant les 3 années qui suivirent, les cubains virent leurs apports caloriques chuter de 30% et perdirent en moyenne 14 kg.
L’agriculture urbaine pour répondre à une situation d’urgence
Face à la menace de famine, le gouvernement cubain mit en place un plan d’austérité, imposant notamment un rationnement alimentaire à la population. Les scientifiques et les agriculteurs furent appelés à s’allier pour revoir complètement le système alimentaire du pays. De nombreuses réformes furent réalisées, telles que le développement de biopesticides et la rotation des cultures. Pour pallier l’absence de carburant pour le transport et le manque de moyens de réfrigération, les cubains investirent les terrains vacants des villes ou leurs alentours pour cultiver. Ainsi, à La Havane, au début des années 2000, 90% des fruits et légumes poussaient dans des fermes biologiques urbaines munies de petites échoppes, appelées organopónicos. Avec ce nouveau système alimentaire, l’agriculture s’affranchit de l’État et une régulation basée sur l’offre et la demande s’installa.
Ce plan de sauvetage à l’échelle nationale sortit le pays de la crise et permit la mise en place de l’un des systèmes d’agriculture urbaine basés sur les principes d’agroécologie les plus avancés au monde.