Covid-19 : les québécois ont-ils changé leurs comportements alimentaires?

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La crise du Covid-19 a-t-elle amené les québécois à modifier leurs comportements? Rencontre avec Maxime Bourbonnais, psychosociologue et PDG de MBA Recherche.

Avec la pandémie de Covid-19 et les mesures sanitaires imposées, les québécois ont vu leurs habitudes de vie profondément impactées. MBA Recherche et l’Observatoire de la consommation responsable (OCR) de l’ESG UQAM ont décidé de suivre et d’étudier ces changements de comportements. Rencontre avec Maxime Bourbonnais, psychosociologue et PDG de MBA Recherche.

 

 

De quelle manière la pandémie de Covid-19 et le confinement influent-ils sur les comportements des québécois?

La première vigie mensuelle que nous avons réalisée montre très clairement un attrait particulier des québécois pour le « fait maison » et les produits locaux. Près de 69% des québécois ont déclaré cuisiner davantage pendant le confinement. Beaucoup ont d’ailleurs cherché des recettes en ligne et essayé de nouvelles recettes. 53% de ceux qui ont cuisiné davantage en ont également profité pour cuisiner en famille.

Autre tendance : l’attrait pour les produits locaux. On note en effet une progression constante de la consommation d’aliments locaux depuis le début du confinement. 57% des québécois ont opté pour des produits cultivés localement et 43% se sont approvisionnés directement auprès des producteurs locaux.

 

À contrario, certaines tendances semblent être à la baisse?

Effectivement. C’est le cas pour l’achat de produits en vrac, qui est en chute libre.

Plus de la moitié des Québécois qui consommaient du vrac, que ce soit des produits alimentaires ou non alimentaires, ont cessé de le faire. Cela s’explique par le risque sanitaire qui peut être perçu comme plus élevé pour ces produits.

 

Les québécois ont-ils changé leur façon de faire l’épicerie?

Oui. C’est certain qu’avec des files d’attente de 1h-1h30, l’obligation de suivre un itinéraire dans les magasins…, certains se sont tournés vers l’épicerie en ligne. De même, la grande majorité des québécois font dorénavant l’épicerie une fois par semaine alors que la tendance était plutôt de passer à l’épicerie plusieurs fois par semaine avant le confinement.

 

Qu’en est-il du budget consacré à l’alimentation?

Près de 60% des québécois déclarent dépenser plus à l’épicerie. Cela est tout à fait cohérent avec le fait que la moitié des québécois disent avoir augmenté leur budget d’épicerie avec l’argent économisé en n’allant plus au restaurant. Ils estiment par ailleurs que la valeur de leur panier d’épicerie a augmenté d’environ 20%.

 

Vers quels produits les québécois se tournent-ils le plus?

Les québécois rationalisent leurs dépenses. Ils veulent pouvoir manger de plus grosses quantités à plus faible coût. D’où la baisse d’achat des produits biologiques. Les œufs, le pain, mais aussi les fruits et légumes frais et les aliments locaux sont les aliments les plus fréquemment achetés. Du côté des fruits et légumes frais, 35% des montréalais ont mentionné avoir augmenté leurs achats, contre seulement 23% ailleurs au Québec.

 

Les habitudes alimentaires ont-elles changé?

Oui, en particulier chez les plus jeunes. Plus d’1/3 des québécois disent manger et grignoter davantage, surtout des produits sucrés. D’ailleurs, parmi ceux qui cuisinent davantage, près de 43% ont déclaré cuisiner davantage de desserts.

Par ailleurs, depuis le début du confinement, les québécois sont attentifs à limiter le gaspillage alimentaire. Ils disent notamment mieux s’organiser avec leur liste d’épicerie et préparer davantage de recettes anti-gaspillage.

 

Toutes ces tendances, ces comportements observés sont-ils pour durer?

Je ne pense pas. Certes, les québécois cuisinent davantage, achètent plus de produits locaux, mais ils le font dans un contexte de confinement qui leur a été imposé. Il est donc probable que la population reprenne ses habitudes une fois que la situation sera redevenue à la normale. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la situation professionnelle et économique de bien des québécois aura changé, résultant en une diminution de revenus pour plusieurs. Au final, c’est l’aspect financier qui va essentiellement guider les choix.

 

 

Ressources :

MBA Recherche

Observatoire de la consommation responsable (OCR)